Friday, October 17, 2008

Constitution d’une Coalition civile et appel aux responsables

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Chaque jour que Dieu fait, 3 marocaines meurent au moment d’accoucher d’un nouveau né. Sur 100.000 naissances, 227 décès. Dans les campagnes, c’est encore pire, le chiffre est de 267 bébés défunts. « Il y a de quoi avoir honte » s’insurge le Dr Nadia Bezad, présidente d’OPALS Maroc, la branche nationale de l’Organisation Panafricaine de Lutte contre le Sida.

Active dans le domaine de la prévention, de l’action communautaire et de la prise en charge médicale et psychosociale des personnes atteintes des IST/SIDA, Dr Bezad ne manque pas de révéler d’autres comptes, qui font tout aussi honte au Maroc : 600.000 nouvelles infections aux IST, y compris SIDA, chaque année, en majorité des femmes, 5250 cas de cancer du sein par an, 2010 cas de cancer du col de l’utérus. « Alors que la médecine a largement profité des progrès technologiques et que l’humanité dispose des moyens les plus élaborés pour affronter les pires endémies et les plus opportunistes des maladies, n’est-il pas révoltant que l’acte le plus élémentaire et le plus naturel au monde, celui d’accoucher, de donner naissance à une vie nouvelle, puisse encore être fatal à des femmes ? » (Voir entretien) Légitime interrogation, en effet.

Créée en 1994, présidée par Son Altesse Royale La Princesse Lalla Amina et reconnue d’utilité publique, OPALS Maroc, association à but non lucratif qui compte de nombreuses antennes dans plusieurs villes du Royaume, a réussi à fédérer 31 associations autour d’un Réseau des ONG Marocaines pour la Lutte contre le SIDA (ROMS).

Les mercredi 15 et jeudi 16 octobre derniers, OPALS Maroc a organisé, avec le soutien de l’UNIFEM et en partenariat avec le Ministère de la Santé, un séminaire de formation. « La finalité de cette formation est la mise à niveau des connaissances des éducatrices et des animatrices sur les IST/SIDA et la promotion de la santé reproductive », indique le Dr Bezad.

« Jusqu’à présent, nous avions une approche dissociée, nous traitions chaque sujet à part. Dorénavant, c’est selon une approche globale que nous allons procéder. Il s’agit pour nous, désormais, d’agir en matière de santé reproductive, avant, pendant et après que la femme soit enceinte. Avant, également, les Marocaines étaient moins contaminée aux IST/SIDA ».

A l’initiative de l’OPALS, la récente création d’une « Coalition civile pour la santé reproductive » qui regroupe des associations de femmes à travers le pays. L’objectif affiché étant d’inculquer aux animatrices et éducatrices des concepts de santé reproductive, un guide a été élaboré et distribué aux participantes au séminaire à cet effet. Un conte pour enfants a pareillement été édité par OPALS, narrant l’histoire d’une fillette porteuse du terrible virus HIV, qui avait de la peine au début à se faire accepter par ses camarades de classe à l’école, avant que les perceptions et comportements n’évoluent vers un happy end.

« Il y a, maintenant, aussi des enfants infectés du virus du SIDA au Maroc », précise Dr Bezad, avec une expression du visage qui balance entre la chagrin et le désarroi.

OPALS collecte actuellement des signatures pour lancer un appel destiné à « faire prendre conscience des violations des droits des femmes les plus défavorisées à la vie et aux soins ».

« Nous voulons collecter 227 signatures, autant que le nombre de mort-nés sur 100.000 naissance au Maroc ».

Il s’agit clairement de faire pression sur les départements publics concernés, mais également sur l’ensemble de la société, afin de faire bouger les choses.

« Il faut améliorer cette scandaleuse situation » s’emporte à nouveau le Dr Bezad.

Privilégiant l’action directe auprès des populations partant des réalités sur le terrain, un plan d’action en matière de sensibilisation sera élaboré sur la base des propositions formulées par les militantes des différentes associations de femmes participantes au séminaire et partie prenante dans l’application dudit plan. « C’est à ses militantes de proposer ce qu’elles peuvent réellement faire et un bilan sera établit tous les trois mois », souligne le Dr Bezad.