Albayane
«Le droit à la scolarité, à la santé, à l’alimentation, à l’habitat, à un environnement sain entre autres, constitue en effet, un aspect essentiel de la dignité de l’Homme».
SM le Roi Mohammed VI.
«La science sans conscience n’est que ruine de l’âme».
Rabelais.
«L’homme est soumis à l’obligation se laisser guider dans toutes ses actions par des considérations morales».
Ghandi.
«Le corps de la ‘’Santé’’ est malade». Cette phrase, aux allures de truisme, n’étonne plus personne. Les multiples problèmes dans lesquels sombre ce secteur vital le confirment amplement. Pour se pencher sur cette problématique, le ministère de la Santé s’est attelé plusieurs mois durant à faire un diagnostic précis de la situation. Après avoir mesuré la température des lieux au moment de la mise en place du nouveau cabinet ministériel, le nouveau concept de «droit à la santé pour tous», il a remis de l’ordre dans les établissements publics sanitaires en déclarant la guerre à la corruption, toutes régions et tous services confondus. En effet, avec la nouvelle stratégie 2008-2012, qui a connu une forte participation de toutes les professions concernées, de l’enseignement médical et de la société civile et associative, les différents partenaires ont exprimé leur agacement devant l’ampleur des discriminations qui sévissent dans un secteur aussi vital et sensible qui concerne plus de 30 millions de Marocains devant être mis sur un même pied d’égalité, riches et pauvres, indigents et «privilégiés», personnes normales et aux besoins spécifiques, hommes et femmes, régions développées et «sinistrées», milieu urbain et rural… Bref, cette stratégie augure du début d’une nouvelle ère de la réforme de la Santé au Maroc fondée sur la garantie du droit à la santé pour tous, sans exclusive, et la transparence totale chez tous les prestataires de soins et des services.
Comme une boule de neige, les problèmes s'accumulaient et se multipliaient au fil des années rendant difficile toute tentative de redressement. C'est que le legs des décennies de laisser-aller, d’improvisation et de réformettes est lourd. Il était temps de remuer le cocotier. Mais pourquoi une réforme dans le domaine sanitaire et celui des soins est demandée par une grande partie des professionnels de la santé et de la population depuis longtemps ? Parce que l'évolution médicale et scientifique a introduit un progrès important qu'il faut maîtriser et auquel il faut s'adapter, parce que la population informée de ce progrès devient de plus en plus exigeante. Nous vivons dans un monde où l’excellence n’est plus un luxe mais un devoir envers les citoyens et une condition de survie pour le système de santé publique. Bref, les grands maux exigent les grands remèdes.
Pour se pencher sur cette problématique, qui a fait couler beaucoup d’encre et continue à le faire, une vraie rupture avec le passé pour favoriser l’émergence d’un système national de santé compétitif et concurrentiel dans ses deux secteurs public et privé. Particulièrement, le statut et la réputation du médecin et des professionnels de la santé, qui fût durant la belle époque synonyme de sagesse, d’intégrité et d’humanisme et d’écoute des malades des souffrances des autres et qui a perdu son lustre d’antan. Le secteur est décrié, redouté et dénigré par le discours populaire, lui qui avait la baguette magique de guérir les malades et d’atténuer leurs souffrances.
Soucieux de s’ouvrir sur son environnement et d’impliquer tous les partenaires dans la nouvelle donne, et dans le but d’exposer les axes, objectifs, actions prioritaires et consolider les acquis contenus dans le nouveau d’action placé sous le thème «réconcilier la secteur de la santé avec les citoyens » et dans une initiative qui constitue une première dans un domaine connu par son étanchéité et son flou, voire parfois son opacité, le coordonnateur de la Région et délégué provincial du ministère de la Santé, est monté au créneau.
Entouré de ses proches collaborateurs du secteur hospitalier, ambulatoire et enseignant, il a invité un parterre des correspondants des organes de la presse régionale et nationale, aussi bien écrite que parlée à Béni-Mellal, en vue de leur exposer la nouvelle stratégie quinquennale 2008-2012 et le plan d’action d’urgence qui est une feuille de route visant de façon intense et mieux ciblée sur certains problèmes de santé tels la mortalité maternelle et infantile, le parachèvement des réformes en cours et l’amélioration de la qualité des services disponibles dans les établissements de soins.
Ce plan d’action qui s’articule autour des points suivants : hôpitaux, santé rurale, hémodialyse, maternité sans risque, diabète, tuberculose, maladies cardiovasculaires, santé mentale, plan stratégique d’information, éducation et communication en matière de santé, partenariat avec les ONG, transparence et moralisation.
Ce plan d’action a adopté 326 activités spécifiques à la province. Trois équipes de pilotage et plusieurs groupes thématiques ont été identifiés pour veiller sur le suivi de ce plan d’action. Dans son allocution inaugurale, Dr Reddadi s’est étonné de l’état décevant du secteur à son arrivée à la tête de cette délégation malgré le passé prodigieux, et malgré les grandes potentialités humaines et matérielles dont regorgent la province qui aurait pu aspirer à un meilleur sort.
Il a abordé un ensemble d’approches, de décisions organisationnelles et opérationnelles prises en vue d’améliorer les prestations sanitaires et les interventions dans le secteur ambulatoire et hospitalier, mesures dictées par l’insuffisance aiguë en ressources humaines, en équipements, les conditions d’accueil des patients, la mortalité maternelle qui a connu des proportions dramatiques, et surtout la lutte contre le fléau de la corruption, cette gangrène qui a connu dernièrement des proportions intolérables, création des cellules de communication, de partenariat et de formation, création des espaces pour les jeunes, création de commissions locales d’enquête et d’investigation… L’orateur a insisté particulièrement sur la priorité donnée au monde rural en vue d’améliorer les prestations sanitaires dans une approche de proximité et les réalisations faites en un temps record.
Dr Reddadi a passé en revue les actions entreprises :
- Création de cellules d’accueil et d’orientation à l’entrée de l’hôpital et des services et structures sanitaires,
-Création de mécanismes et outils de suivi et de communication et d’une cellule de dépôt cellules de plaintes dans les différents hôpitaux et centres de santé de la province,
- Amélioration de la dotation en kits d’accouchements et en médicaments vitaux dans les services d’accouchement
- Restructuration des pharmacies et dotation en matériel et équipements nécessaires.
- Opérationnalisation de l’observatoire régional de diabétologie avec une prise en charge multidisciplinaire (cardiologie, néphrologie, ophtalmologie, nutrition et information, éducation et sensibilisation) au centre santé Oulad Hamdane.
- Lancement du plan stratégique de lutte contre le sida 2007-2012 et de son plan d’action 2008-2009.
- Réouverture d’un certain nombre de formations sanitaires fermées du fait du déficit en ressources humaines avec affectation de sages femmes.
-Acquisition de 11 ambulances dont proviennent de l’Etat et 5 sous forme de dons entrant dans le cadre de l’INDH et de la Fondation Mohammed V de Solidarité.
- Mise en place d’un système de régulation et de coordination téléphoniques entre les hôpitaux et les maisons d’accouchements.
- Amélioration des performances dans le traitement des insuffisances rénales par la création de nouveaux centres d’hémodialyse à Azilal (10 appareils) et à Kasba-Tadla (10 appareils) en cours de construction.
Dr Reddadi a insisté au cours de son exposé sur le programme de grossesse sans risque l’une des grandes priorités de la politique du ministère en affirmant la gratuité du transport des femmes enceintes à terme des maisons d’accouchements vers les différents hôpitaux, une sorte de SAMU obstétricaux.
- Mise en place et obligation d’un certain nombre d’examens biologiques lors des consultations prénatales.
- Amélioration des conditions de travail des professionnels de la Santé avec instauration d’un dialogue constructif avec les différents acteurs notamment les syndicats et les ONG afin d’instaurer et de renforcer un climat de confiance et de partenariat dans un but d’améliorer la santé de la population.
- Mise en place d’un système de garde adéquat dans les 2 secteurs, hospitalier et ambulatoire
- Mise en place du nouveau système de couverture sanitaire, l’assurance médicale obligatoire (AMO) et surtout RAMED. Avant sa généralisation à tout le Royaume, Tadla-Azilal a été choisie comme Région pilote pour la RAMED et qui démarrera au mois de novembre prochain. Il intéressera 420.000 habitants. Le RAMED est destiné aux personnes nécessiteuses et ne disposant pas des moyens financiers suffisants pour faire face aux dépenses occasionnées par les soins de santé. Concernant le déficit en ressources humaines qui constituent la cause la plus importante dans l’existence les défaillances et des dysfonctionnements de notre système de santé. Afin de tenter de remédier à ce problème 71 professionnels (22 pour Azilal et 49 pour Béni-Mellal) ont été affectés à la province pour Béni-Mellal avec un redéploiement rationnel équitable du personnel.
- Renforcement de la formation continue avec construction d’un Institut de formation pour les carrières de santé (IFCS) avec instauration d’une nouvelle filière pour la formation des sages femmes.
- Moralisation, transparence et bonne gouvernance telles semblent être le leitmotiv surtout la lutte l’absentéisme et la corruption et l’orientation des malades vers certaines cliniques. Particulièrement après les scandales récurrents intolérables et condamnables de certains services hospitaliers et qui ont défrayé dernièrement la chronique et fait les choux gras de la presse régionale et nationale et une mobilisation sans précédent des associations des droits de l’Homme et qui ont incité la nouvelle chefferie à prendre le taureau par les cornes et à multiplier les réunions de sensibilisation du personnel et les visites de supervision et constituer des commissions locales d’enquête et d’investigation et faire appel à l’inspection générale du ministère qui a dépêché deux commissions afin de fixer les responsabilités et prendre les mesures qui s’imposent. Afin des de mettre fin aux agissements que la morale et la loi réprimandent de certaines brebis galeuses et personnes peu scrupuleuses qui profitent lâchement du désarroi, la misère, l’analphabétisme, l’ignorance et le désespoir des gens dans le but d’assouvir leurs appétits égoïstes et démesurés d’enrichissement illicite. Tout ceci se faisait au vu et su de tout le monde avec la complicité d’intermédiaires et rabatteurs aux aguets dans et autour des structures sanitaires et particulièrement certains services sensibles les hôpitaux qui monnayent illégalement leurs prestations. Ces agissements ont fait beaucoup de mal à la profession et maculé sa réputation. Afin de mettre fin à cette situation malsaine qui n’a que trop duré plusieurs mesures ont été prises : affichage des tarifications des différentes prestations à l’entrée des hôpitaux et des différentes formations sanitaires, de signalisation et d’identification des différents services. Affichage des slogans de lutte contre la corruption et mise en place en place de lignes téléphoniques à la portée des citoyens en vue de rapporter la moindre anomalie, irrégularité ou infraction aux responsables de la Santé et qu’un numéro téléphonique vert sera opérationnel prochainement.
La 2e partie de cette point de presse a été consacrée aux réponses aux différentes questions des journalistes ayant touché particulièrement : l’état d’avancement du plan d’action, les conclusions des différentes commissions d’enquête à propos des 2 services incriminés, Les ressources humaines de la délégation, les conditions de travail des professionnels de la santé,Les conditions d’amélioration des prestations, d’hospitalisation des malades, le problèmes des rendez vous, des certificats médicaux et médico-légaux de complaisance et les hospitalisations abusives et inexpliquées et d’autres points qui préoccupent l’opinion publique de la Région. Le Coordonnateur a annoncé que certains professionnels de la santé impliqués dans les affaires de corruption et de négligence seront présentés devant la justice. Il a jouté que des équipes ministérielles d’accompagnement assureront l’encadrement et le suivi des différentes étapes de ce plan d’action.
A la fin de cette conférence, le coordonnateur a invité les professionnels de la presse présents et les autres partenaires autorités officielles, la société civile, les ONG, les professionnels de la santé à s’impliquer dans l’amélioration du secteur de la santé par une un renforcement du dialogue, information et une sensibilisation de l’opinion publique aux problèmes de la santé et agir en tant qu’acteurs actifs dans le but de la réussite de plan d’action afin de donner à la province et à la région des soins de qualité qu’elles méritent. Le problème de la Santé est une affaire de tous et que les enjeux et les défis à relever en valent la chandelle a-t-il conclu.
Cette année le mois sacré du Ramadan s’en va sous une pluie bienfaitrice, ce qui constitue un signe de bonne augure d’une bonne moisson dans tous les domaines et comme disait une ancienne connaissance du Maroc, Lyautey : «gouverner, c’est pleuvoir».
Dr ELKARMI Hammou